L'année de Grâce

Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un livre de chez Casterman roman et je me suis prise une grande claque (dans le bon sens du terme). Ce roman de Kim Liggett, traduit par Nathalie Peronny, m'a fait passer par toutes les émotions. Pour en savoir plus, c'est juste en bas !

Un extrait

“Cela peut paraître futile, comme une cause perdue d'avance, un détail invisible aux yeux des hommes, mais ce n'est pas pour eux que nous le faisons. C'est pour nous. Pour les femmes des quartiers extérieurs et celles du comté. Les jeunes et vieilles. Les épouses et les travailleuses. Lorsqu'elles verront de quel pas nous marchons, elles sauront que quelque chose a changé.“

Le résumé

Personne ne parle de l'année de grâce. C'est interdit.

Nous aurions soi-disant le pouvoir d'attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l'essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C'est pourquoi nous sommes bannies l'année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté.

Pourtant, je ne me sens pas magique.

Ni puissante.

Un an d'exil en forêt.

Un an d'épreuves.

On ne revient pas indemne de l'année de grâce.

Si on en revient.

Mon avis

Lors de sa sortie, j'avais vu de nombreuses personnes en parler et je me l'étais noté sur ma liste des envies. Et voilà qu'un soir, je le trouve dans la boîte aux livres devant laquelle je passe matins et soirs. Ni une ni deux, j'ai sauté sur l'occasion et je l'ai ramené chez moi : sûrement la meilleure décision que j'ai pu prendre cette semaine. Ce roman est un énorme coup de cœur sur énormément de points différents.

Commençons par le premier point fort de ce roman : l'histoire. Comme indiqué sur la quatrième de couverture, c'est un savant mélange entre La Servente Écarlate, Sa Majesté des mouches et Hunger Games. Il est assez simple de trouver les ressemblances avec ces trois œuvres, sans pour autant y voir du plagiat. La trame de l'histoire est particulièrement bien ficelée et personne n'est épargné ! Dès le début du roman, on sent une certaine tension qui ne va aller que crescendo. Même les passages les plus "calmes" recèlent d'indices sur la suite et servent à construire cette ambiance oppressante et angoissante.

La condition des femmes est un des grands aspects de ce roman. Au début, on voit bien qu'être une femme n'est absolument pas le genre idéal, mais malheureusement, cela reflète quand même beaucoup notre société actuelle. Le nombre de remarques envers la gente féminine ou actions qu'elles sont forcées de faire que j'ai déjà vu ou entendu dans la vraie vie, ne fait que rendre la narration plus vivace et frustrante. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où j'ai posé mon livre pour taper du poing ! On ne parle pas de monogamie ici, mais j'ai beaucoup pensé aux ressemblances avec les femmes présentent dans des sectes, telles que celles dans le documentaire Netflix Keep Sweet: Pray and Obey.

Petite plus : le sujet des lesbiennes est évoqué. Alors, oui, ce n'est pas un des points sur lequel l'autrice a le plus insisté et ce n'est pas au centre du roman, mais il est important de le faire remarquer. Plus on lira des livres avec ces thématiques, plus vite on arrêtera d'entendre des horreurs envers cette communauté.

Autre gros argument : les personnages. Nous allons suivre Tierney tout au long du roman. Bien qu'elle soit jeune, elle a un fort caractère et un besoin de liberté qui détonne royalement du reste de sa communauté. Il est vrai qu'au début, nous avons surtout un aperçu de son caractère principalement grâce à ses pensées, puisque ses actions rebelles restent assez légères. Elle sait ce dont elle a besoin, mais sans y arriver et en n'ayant pas une vision d'ensemble de la situation. Pourtant, elle va assez vite mûrire et prouver qu'elle peut faire bien plus que ce qu'on attend d'une femme. Chose dont elle aura absolument besoin si elle veut survivre à son année de Grâce. C'est un personnage que j'ai aimé dès les premières lignes et dont j'ai adoré le développement. Elle entre dans mon top-tiers des héroïnes badass sans soucis !

À travers de ses aventures, nous suivons également certains personnages du village (ils ne sont pas tous intéressants, mais utiles pour comprendre la dynamique de la communauté), mais les plus importants sont ceux présents lors de cette fameuse année de Grâce. Que je les aime ou pas, leur évolution est tout aussi bien faite que celle de Tierney, notamment celle des filles du campement. Elles vont vivre leur lot d'horreur et en ressortir transformées... pour le pire et le meilleur.

Pour une fois, nous n'avons qu'un seul point de vue et c'est celui de Tierney (ce qui change de mes dernières lectures). Malgré cela, on en apprend énormément sur les personnages secondaires et l'histoire n'a pas de battements. Le rythme est toujours présent, que ce soit lors des descriptions ou des actions. Du début à la fin, j'ai été happé par ma lecture, surtout à partir de l'entrée dans le camp. C'est le moment où j'ai dévoré le reste du roman.

La plume de l'autrice est excellente. Elle a une manière de décrire les ambiances et la cruauté, humaine ou autre, qui est si prenante. Après cette lecture, je vais ajouter ses précédents romans à ma liste d'envies.

Voilà, vous savez tout ! Encore un roman que je vais recommander en le criant sur tous les toits. Il mérite d'être dévoré par tout le monde. J'aurais adoré lire ce livre pendant mon adolescence. Vous pouvez y aller les yeux fermés, la lecture est fluide, rapide, addictive et cette fin... Wahou ! Venez m'en parler quand vous l'aurez terminé !

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